Lettre ouverte du RC Grasse aux institutions du football et du sport français

Communiqué publié sur le site de la FFF le 18 février dernier :

« REPRISE DU NATIONAL 2

Le championnat va reprendre à partir du 13 mars et les équipes concernées pourront s’entraîner collectivement après 18h sur dérogation.
La Fédération Française de Football, après accord des autorités gouvernementales, est heureuse d’annoncer la reprise du National 2. Les équipes engagées dans ce championnat sont autorisées à reprendre les entraînements collectifs avec une dérogation au-delà de 18h dans le respect du protocole sanitaire d’entraînement.

A l’instar de la Coupe de France masculine, cette décision prise en concertation avec les autorités gouvernementales va permettre aux clubs et joueurs concernés de retrouver le terrain et la compétition de manière progressive.

Le Comité Exécutif de la FFF du 21 janvier 2021 a validé le nouveau format du championnat, qui consiste à terminer la phase des matchs aller puis à constituer une poule d’accession et une de maintien pour les matchs retour. Chaque poule est constituée de 8 clubs en fonction du classement arrêté à l’issue des matchs aller. Le nombre des accessions et des relégations restent identique.

Le National 2 reprendra par la 10ème journée de Championnat le samedi 13 mars et s’achèvera le dimanche 13 juin. Pour les clubs éliminés de la Coupe de France, des matchs en retard pourront être fixés dès le 27 février et le 6 mars. »

Cette reprise actait le fait que les clubs de N2 étaient considérés, à l’instar des clubs de National, comme des entreprises dont les joueurs étaient pour la grande majorité salariés. Comme mentionné à deux reprises dans le communiqué, cette décision avait été prise « en accord avec les autorités gouvernementales. »

Cela amène à s’interroger :

Que ne savions-nous pas le 18 février, date de publication du communiqué par la FFF, sur le Covid et ses possibles évolutions pour vingt-deux jours plus tard revenir sur cette décision ?

Quel intérêt a réellement le protocole sanitaire strict envoyé aux clubs concernant la tenue des rencontres pour que du jour au lendemain il ne soit plus suffisant ?

Quel impact peut avoir sur le développement de l’épidémie la tenue de trente-deux rencontres par week-end sur l’ensemble du territoire français entre formations qui vivent en vase closet dont les matchs se jouent à huis clos ?

Les entreprises non essentielles qui reçoivent du public sont fermées, mais toutes les entreprises qui n’en reçoivent pas restent ouvertes. Quelle distinction faites-vous pour que nous ne puissions pas travailler ? N’est-il pas moins contaminant lorsque son lieu de travail est un terrain de 5 000m2 plutôt qu’un bureau fermé ?

Pourquoi des milliers de commerciaux peuvent-ils sillonner la France toutes les semaines sans obligation de tests, des personnes prendre les transports en communs tous les jours sans test, et un groupe de vingt personnes testées toutes les semaines ne peut-il pas prendre un bus pour se rendre sur un lieu à huis clos pour disputer un match et rentrer dès le coup de sifflet final ?

Le Ministère des Sports est parvenu à protéger les intérêts de la FFF en maintenant la Coupe de France. Malgré des clubs régionaux ou de districts, ils ont mis un protocole sanitaire en place pour permettre à la Fédération d’aller aux termes de cette compétition et pouvoir percevoir les dizaines de millions d’euros de sponsoring des partenaires. Une très bonne nouvelle pour tous les clubs encore en lice !

Nous aurions aimé avoir la même considération car comment justifier auprès de nos sponsors, qui sont la principale source de revenus des clubs, qu’ils doivent payer pour des prestations qu’ils n’auront que partiellement ? Cette manne est aussi vitale pour la FFF qu’elle l’est pour les clubs.
Il ne faut pas oublier que la Coupe de France existe avant tout par l’existence des clubs.

Suite à l’officialisation de la reprise du N2, tous les clubs ont mis les moyens pour coller au protocole sanitaire imposé, à savoir la nomination d’un médecin référent, des tests hebdomadaires pour l’ensemble des joueurs et du staff… pour apprendre trois semaines plus tard que tout était à nouveau remis en question. Quel est le degré de considération des clubs pour fonctionner de la sorte ?

Les personnes décisionnaires du Ministère des Sports doivent se dire que de toute façon le football n’est qu’un jeu. Même si cela reste le cas, c’est aussi un métier pour les salariés des clubs de National 2. Cela représente quasiment 2 000 personnes à travers les soixante-quatre clubs engagés dans la compétition.

Nous sommes des PME avec des budgets compris entre 600 000€ et 2M€ qui ont pour principales ressources financières la passion de leurs présidents. Il n’existe aucun modèle économique viable à ce niveau et certains présidents pourraient se lasser du manque de considération des instances, d’être traités de façon irrespectueuse par des autorités gouvernementales qui actent des décisions puis reviennent dessus trois semaines sans même en informer les intéresser. On joue avec l’activité, la vie de l’entreprise.

Comment demander à ces présidents d’investir pour la saison 2021-22 sans avoir aucune visibilité ?

Nous comprenons le contexte sanitaire et la demande n’a jamais été de reprendre à tout prix, mais simplement d’avoir un discours clair et une visibilité sur la fin de saison.

Entretenir un espoir de reprise comme cela est fait depuis des mois met les clubs en danger. Deux solutions existent à ce jour :

– Appliquer ce que vous aviez validé par ce communiqué du 18 février en actant la professionnalisation du N2 et reprendre le championnat selon la formule définie.
– Arrêter nos championnats et donc notre activité, mais avec des dates claires et définitives, assorti d’aides comme en bénéficient les entreprises frappées de fermeture administrative.